Illustration : Elise Brohan — UX/UI Designer à La Chouette Co

Et si Instagram était éco-conçu ? — L’éco-conception numérique à La Chouette Co #2

Après un premier article sur l’éco-conception numérique, découvrez la refonte d’un réseau social bien connu…

💥 L’impact environnemental des réseaux sociaux

Aujourd’hui, 4,33 milliards d‘utilisateurs sont actifs sur les réseaux sociaux soit plus de la moitié de la population mondiale (source : Greenspector). Impressionnant non ? Sachant que presque un tiers d’entre eux utilisent activement Instagram en 2022, cela équivaut à environ 1,393 milliard d’utilisateurs (source : Instagram, 2022). Ça en fait du monde, alors y a-t-il un impact derrière tout ça ? Forcément car comme énoncé dans le premier article sur l’éco-conception : tout produit a un impact…

Greenspector est une entreprise nantaise dont la mission est dédiée à la transformation numérique éco-responsable des organisations. En 2021, elle a réalisé une enquête pour calculer l’impact environnemental des 10 réseaux sociaux les plus utilisés selon divers critères. Un de ces critères était de comparer l’empreinte carbone des fils d’actualités, on y retrouve Instagram au pied du podium juste derrière Tik Tok, Reddit et Pinterest.

Nous allons ici nous pencher sur le roi du partage de photos : Instagram. La refonte aura pour principal but de sensibiliser l’utilisateur à avoir une pratique plus responsable de l’application en se rendant compte de son impact. Le tout de manière expérimentale et prospective.

Au fond, c’est notre utilisation de ces applications qui a le plus gros impact ! Même s’il est minime comparé au fait de changer son téléphone tous les ans alors qu’il est en bon état, multiplié par 1,393 milliards d’utilisateurs ça commence à faire beaucoup d’émissions équivalent CO2…

Par où commencer ?

Pour une refonte, il est important de se concentrer sur la fonctionnalité qui a le plus gros impact. Grâce à des chiffres publiés par Greenspector, on se rend compte que ce qui est le plus énergivore sur Instagram c’est le défilement du fil d’actualités, loin devant les lives (visionnage/hébergement). Au contraire, le post photo et la photo en story ont un plus faible impact.

Source : Greenspector

Dans cet article, nous nous baserons sur quelques critères listés par le Référentiel Général d’éco-conception de services numérique de l’état notamment au niveau de l’UI/UX.

Alors comment inciter les utilisateurs à avoir une utilisation plus responsable et moins polluante des réseaux sociaux ?

🌍 Étape 1

Stratégie : Répondre à un objectif de développement durable

Les objectifs du développement durable — Source

L’ONU a listé 17 objectifs de développement durable. Si vous questionnez l’éco-responsabilité de votre service numérique, essayez dans un premier temps de voir s’il répond à un enjeu durable.

Aujourd’hui, Instagram ne répond à aucun de ces objectifs… Cependant, la plateforme permet de mettre en avant des contenus ! On pourrait donc imaginer que les pubs sponsorisées qui polluent nos fils d’actualités soient remplacées par des associations caritatives, qui défendent certains objectifs de cette liste… Le réseau social pourrait alors répondre à l’objectif 17 : Partenariats pour la réalisation des objectifs.

Projection : Promouvoir des profils d’associations à impact positif — Réalisation : Elise Brohan , UX/UI Designer à La Chouette Co

🍃 Étape 2

UI/UX : Définir les epics pour mieux comprendre les usages

Instagram qu’est-ce que c’est avant tout ? C’est partager des photographies et pouvoir y réagir (commentaires, likes…). Aujourd’hui, le roi de la photographie propose une panoplie de fonctionnalités qui vont bien au-delà du partage de photos : live, reels, shopping, guides… Et les fonctionnalités ne cessent de s’ajouter. On est loin de l’Instagram des débuts et c’est normal, les technologies et les usages changent ! Ce sont aussi ces nouvelles fonctionnalités qui consomment le plus de ressources : notamment le visionnage et l’hébergement d’un direct/live qui consomment trois fois plus de ressources que la publication d’une photo.

Et si on revenait un peu en arrière en limitant le nombre de fonctionnalités ?

🕑 Étape 3

UI/UX : Le scroll infini… c’est fini

Ce geste machinal qui n’a jamais de fin… C’est en partie à cause de cette fonctionnalité qu’on peut passer plusieurs heures sur Instagram. Et ne plus utiliser de scroll infini c’est aussi un des critères de la liste que l’on suit. Et si on repensait le fil d’actualité autrement ?

Bon ok, la pagination c’est peut-être un peu trop. Pourquoi ne pas limiter le scroll en définissant un temps de scrolling par jour ? On ne veut pas frustrer l’utilisateur et donc pas le bloquer dans son usage. Par contre, on peut lui indiquer sa consommation en donnant des chiffres parlants. On peut inciter l’utilisateur à poursuivre son scroll ou bien à quitter l’application.

Projection : Informer l’utilisateur des ressources consommées au scroll — Réalisation : Elise Brohan , UX/UI Designer à La Chouette Co

👓 Étape 4

Réduire la qualité d’affichage, donc les ressources utilisées — UI/UX

Proposer à l’utilisateur de contrôler les contenus et les services affichés afin de réduire ses impacts environnementaux.

On peut imaginer donner la possibilité à l’utilisateur de choisir la définition d’affichage :

  • Choisir le niveau de qualité des contenus (comme les vidéos sur Youtube) : élevé, moyen, faible
  • Choisir d’afficher des images dégradées (ditch) : images moins lourdes
  • Passer l’application en noir et blanc

L’affichage en noir et blanc permet aussi de se détourner plus facilement de l’application et de son téléphone. Passer moins de temps sur l’application c’est aussi réduire nos impacts environnementaux. Tristan Harris, anciennement ingénieur pour Google jusqu’en 2016 a développé quelques méthodes pour encourager les utilisateurs à avoir une utilisation plus raisonnée de leurs téléphones. Le passage de l’écran en noir et blanc en fait partie. Ça ne solutionne pas tout mais ça permet de moins être attiré par les couleurs et donc de se désintéresser de l’écran.

Projection : Permettre à l’utilisateur de choisir la qualité d’affichage — Réalisation : Elise Brohan , UX/UI Designer à La Chouette Co

☁️ Étape 5

Tailles de fichiers adaptés et gestion des ressources — Contenu

Aujourd’hui sur Instagram, il n’y a pas de poids maximum lorsqu’on importe une photo ou une vidéo. Et si on informait les personnes sur la taille de leurs uploads et qu’on définissait un maximum ? Exactement comme sur un formulaire où on doit ajouter une photo, ça permettrait que les photos ne soient pas surdimensionnées.

Projection : Limiter les ressources utilisées en contrôlant les formats de contenus — Réalisation : Elise Brohan , UX/UI Designer à La Chouette Co

On pourrait aussi alléger la base de données en mettant en place une stratégie de suppression de contenus obsolètes ! Dans la section archivage, là où vous pouvez retrouver toutes vos anciennes stories, on choisirait d’afficher uniquement les stories postées les 30 derniers jours, avant cette durée elles seraient supprimées automatiquement.

🚀 Conclusion

Alors, qu’est-ce qu’on retient après cette refonte expérimentale ?

  • Ces projections permettent d’amener la démarche d’éco-conception, bien sûr il faudrait aller plus loin dans la technique et l’analyse des impacts d’Instagram pour une refonte complète.
  • Notre utilisation des services numériques est la principale source d’impact, en la réduisant ça peut donc changer la donne ! Si chacun‧e fait sa part, comme le colibri face au feu de forêt, alors on fait bouger les choses… Pour retrouver la légende du Colibri c’est sur cet article.
  • Malheureusement, la stratégie des réseaux sociaux ne nous aide pas dans notre sobriété d’usage car ils retiennent notre attention ! Leur business model est basé sur le profit généré par les contenus sponsorisés et les ventes… À méditer.
    L’idée n’est pas de changer drastiquement nos pratiques mais simplement d’être conscient‧e‧s de ces stratégies commerciales

Chez La Chouette Co on recueille les besoins réels des utilisateurs lors de phases d’Empathy : interviews utilisateurs, ateliers journey map, analyses… De plus, quand on pense aux fonctionnalités de nos produits : on s‘en tient aux besoins identifiés en amont. On ne veut pas perdre l’utilisateur dans un amas de fonctionnalités mais lui permettre d’accéder directement à ce qu’il souhaite en arrivant sur le produit. Simplifier les parcours pour améliorer l’expérience et d’un autre côté : réduire les ressources utilisées !

L’éco-conception reste au cœur de nos créations de services numériques alors on continue de s’améliorer, de limiter nos impacts et surtout de sensibiliser ! Et vous, qu’est-ce que vous mettez en place ?

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